lundi 31 mars 2014

Meubles industriels en métal : naissance d’un nouveau style

L’industrialisation et la mode des meubles en métal

 

Avec l’industrialisation, ce n’est pas seulement les modes de fabrication qui changent, mais aussi l’esprit des gens. À la fin du 19e siècle, on a envie du nouveau - de nouvelles matières, de nouveaux styles. Bien que le style des meubles industriels ait été inventé pour servir aux professionnels, le grand public l’adopte rapidement, et il fait son apparition dans les salons privés.

Un autre effet de l’industrialisation : au contraire des époques précédentes, les meubles sont maintenant fabriqués en masse, avec pour conséquence une baisse importante des prix. Désormais, les meubles ne sont plus seulement à la portée des riches, mais abordables pour un cercle largement élargi de personnes. La possession de meubles non seulement efficaces mais aussi d’une certaine beauté se démocratise. Au bois traditionnel s’ajoutent de nouvelles matières, le métal - fer ou acier - est à la mode résolvant certains problèmes techniques dans les différents secteurs professionnels.

Parallèlement, le goût du public change. Les meubles fragiles avec des ornements abondants et riches ne plaisent plus, on préfère les meubles industriels qui sont plutôt sobres et solides. La notion d’esthétisme s’applique à tout ce qui est simple et utile.

Le métal était évidemment la matière idéale pour combler ce genre de besoin. La chaise en métal, par exemple, a été inventée pour servir comme siège dans les wagons du chemin de fer ou dans les premiers tracteurs avant de trouver son entrée dans les salons. Les premiers meubles en fonte - lourds et presque impossible à changer de place - ont rapidement été succédés par des matières plus légères comme l’acier.

Toutefois, les industriels "nouveaux riches" et certaines familles de la noblesse tenaient toujours au meuble historique, c'est-à-dire aux meubles lourds et ornementés. Mais malgré leur esprit traditionnel, ils se soumettent rapidement à l’idée des nouvelles matières proposées par l’industrialisation : des artistes se spécialisent dans l’imitation des meubles en bois traditionnels en métal qui s’avère beaucoup moins coûteux que les techniques d’origine. La fabrication de la décoration en fer ou fer forgé qui ressemble à l’ornement classique en bois devient une industrie à part.

Au début du 20e siècle, les meubles du style industriel en métal font aussi leur apparition dans le secteur public. En Suède, par exemple, quelques usines se spécialisent dans la fabrication de bancs publics en fonte ou fer forgé. Cependant, ces usines étaient condamnées à disparaître assez rapidement : la qualité de leurs produits inusables et indestructibles et, finalement, la mode qui, à cette époque, changeait rapidement a limité leur clientèle de plus en plus jusqu’à ce qu’elles soient obligées de fermer.
Copyright : Laure Malombe

samedi 29 mars 2014

Chaises en métal : les meubles modernes
en acier, une nouvelle ère

Chaises en métal : l’acier, la nouveauté des temps modernes


Au début du dernier siècle, dans les années 20 et 30, l’histoire des meubles et, notamment, des chaises en métal entame un nouveau chapitre : les chaises en acier, c’est-à-dire en une matière consistant d’un alliage entre 98% de fer et 2% de carbone.

L’Allemagne avec son mouvement de Bauhaus compte comme pionnier de ce nouveau goût de meubles. L’exposition "L’appartement" (Die Wohnung) de Stuttgart 1927 le présente pour la première fois au grand public. Les artisans qui montrent leur produits misent sur deux caractéristiques essentiels de l’acier que les meubles en fer ne peuvent pas offrir : d’abord une grande stabilité, mais, en même temps, la capacité de fléchir.

Le succès de la nouvelle matière base essentiellement sur la tendance de l’époque vers tout ce qui est moderne. Les gens se sont lassés des meubles lourds et foncés avec une surcharge d’ornement dont témoigne d’ailleurs aussi le nouveau style des garde-corps sur les balcons qui, avec l’invention de la fonte et le début de la fabrication industrielle, ont perdu leurs ornements fantaisistes. La mode tire vers des formes plus légères, simples et lumineuses.

Dans cette ambiance, l’acier est la matière idéale pour les chaises : elle exige des formes réduites au fonctionnel. Parallèlement, le public est attiré par tout ce qui est processus nouveau. Des techniques comme la fonte ou l’alliage fascinent l’amateur de l’art et de l’artisanat.

Lors de l’exposition à Stuttgart 1927 où les 20.000 visiteurs peuvent rencontrer des designers connus comme Le Corbusier et Peter Behrens, un jeune artiste se fait remarquer, le Hollandais Mart Stam. Il présente une construction unique à cette époque qui arrive à étonner les experts et le public : la chaise sans pieds de derrière, la soi-disant chaise Cantilever. Un peu plus tard, son collègue Mies van der Rohe devra reprendre cette idée, en ajoutant la capacité de fléchir.

Mais à cette exposition, Mart Stam est considéré comme l’espoir du style moderne. Il a 28 ans est plein d’idées. On parlait de nouveau de lui lorsque, trois ans plus tard, il faisait partie du groupe d’architectes qui partaient pour la Russie - à l’époque l’URSS - pour répondre à l’appel de Staline de construire des maisons adaptées aux besoins des travailleurs, donc saines et fonctionnelles. Le projet a échoué, surtout à cause d’un manque de moyens, ce que n’empêchait pas le jeune Hollandais d’accepter des chantiers dans l’Ukraine et à Orsk.

Lorsque Mart Stam est retourné en Europe, la guerre était déjà dans l’air. Il a passé quelques années comme directeur de l’Institut des Arts Industriels dans son pays d’origine, pour, après la guerre, joindre l’Allemagne et s’engager dans la reconstruction du pays.

Toutefois, malgré toutes les œuvres qu’il a créées ou à la création desquelles il a participé, le nom de Mart Stam reste lié à ses idées autour du style moderne des meubles et, notamment, de sa chaise en métal sans pieds de derrière, la chaise Cantilever.
Copyright : Laure Malombe

vendredi 28 mars 2014

Garde-corps en fer et fer forge :
L’histoire des balcons en France


Les styles des balcons avec garde-corps en fer et en fer forgé


Tandis que les garde-corps en fer pour sécuriser les abimes sont apparus à une époque où le fer ne servait qu’à des objectifs pratiques, l’emploi des garde-corps en fer ou, encore plus souvent, en fer forgé à l’intérieur des immeubles c’est-à-dire dans, par exemple, les cages d’escalier, témoignait déjà de l’introduction de la notion de l’art au sein de l’artisanat. Au moment de l’apparition du fer et du fer forgé à l’extérieur des immeubles, notamment sur les façades, l’art du fer était déjà largement développé.

L’emploi du fer sur les façades des immeubles a dû attendre l’invention des balcons. Après une première époque où les balcons étaient exclusivement en pierre - dont nous trouvons des exemples très évolués entre autres au château de Fontainebleau - les premiers balcons en fer ou fer forgé ont surgi au 17e siècle.

A Paris, les garde-corps en fer forgé sur les balcons atteignent le domaine de l’art au 19e siècle, lorsque Napoléon III et le préfet de Paris, Eugène Haussmann, décident de transformer certaines parties de la ville et de créer des immeubles dignes d’une capitale et, surtout, digne d’une vie saine.

Dans le style Haussmannien, les balcons présentent une sorte de distinction de valeur. Ils étaient considérés comme lieux privilégiés pour l’accueil des amis ou d’un salon mondain. Au début de l’ère, lorsque les immeubles n’avaient que deux étages, les balcons n’ornaient que les deuxièmes étages, les étages les plus élevées étant considérées comme les plus nobles. Plus tard, les immeubles prenaient jusqu’à six étages, ce qui a fait apparaître des balcons aussi aux sixièmes étages.

Il est remarquable que les balcons des immeubles Haussmanniens représentent la seule exception dans l’ensemble d’un style plutôt sobre, ce que fait d’eux les seuls ornements des façades. Contraire au caractère individuel des balcons des époques suivantes, les garde-corps des balcons Haussmanniens filent sur l’ensemble des façades. Dans un premier temps, leur style était simple, avec juste des barres verticales, sans autre ornement, tandis que dans une deuxième phase, des motifs en fer forgé ont été ajoutés.

L’individualisation du balcon au cours du 19e siècle a encouragé le travail des artistes du fer et du fer forgé qui inventaient des motifs de plus en plus originaux et complexes. Ce mouvement s’est poursuivi jusqu’à l’industrialisation de la fonte et, avec elle, la démocratisation du balcon avec le garde-corps en fer, qui a mené à un retour vers un garde-corps simple et fonctionnel.
Copyright : Laure Malombe

mardi 25 mars 2014

Chaises hautes en métal et fer : une histoire d’amour


De la chaise haute pour enfants à la chaise haute en métal et fer


Tout a commencé avec une histoire d’amour : pas une histoire d’amour entre une femme et un homme - cette histoire avait déjà commencé beaucoup plus tard - mais une histoire d’amour entre un père et son enfant. Ce père, comme tous les bons papas, voulait voir son enfant assis à la table de famille, surtout pendant les repas, d’égal à égal. Cependant, cette vue d’égal à égal n’était pas possible… pour la simple raison que l’enfant était encore trop petit.

Probablement, il y avait une foule de bons papas qui ont inventé des moyens pour que leurs enfants puissent être assis assez haut pour qu’ils puissent manger à table à très bas âge et, au fil des années, plus qu’un a inventé la chaise haute. Mais un d’eux a réussi à créer un style : un père norvégien du nom de Peter Opsvik. Ce designer a fait histoire avec son désir de créer la chaise haute idéale pour son fils.

Lorsqu’il a réussi à placer son fils à la bonne hauteur auprès de la table, il a réfléchi sur le confort de sa chaise haute. A cette époque, on parlait beaucoup de l’ergonomie des chaises, c’est-à-dire qu’on voulait que les chaises permettent à leur utilisateur une posture qui non seulement agréable et peu fatigant, mais aussi bien pour le corps. Toutefois, Peter Opsvik voulait aller plus loin.

Il a probablement observé son fils qui, comme tous les enfants, aimait bouger. De toute manière, il a décidé qu’il ne serait pas suffisant de fabriquer une chaise haute sur laquelle son fils serait bien assis et pourrait manger à table, mais il voulait en plus que l’enfant puisse bouger au maximum et le plus naturellement possible.

Son défi : fabriquer une chaise haute sur laquelle l’enfant puisse prendre un nombre élevé de positions différente, sans se lever. Dans son idée de base, il a ciblé les extension du corps qui servent le plus à l’envie de bouger - les mains et les pieds. Les mains ne posaient pas problème, la position assise permettait déjà de les bouger au maximum. La chaise haute ne correspondait par contre pas aux besoins naturels des pieds : pour bouger correctement, ils avaient besoin d’un appui.

La solution était vite trouvée. Elle avait tout simplement la forme d’une barre horizontale - comparable avec la barre des tabourets de bar modernes - sur laquelle les pieds pouvait s’appuyer. A première vue, Peter Opsvik était content de sa construction : grâce à sa chaise haute, l’enfant était en bonne position pour manger à la même hauteur que le reste de la famille, mais pendant qu’il était assis, il pouvait bouger librement, les pieds appuyé sur la barre transversale.

Toutefois, son contentement n’a probablement pas duré longtemps… car, comme tous les enfants, son fils a rapidement grandi. Et déjà quelques mois plus tard, ni la chaise ni la barre transversale n’était à la bonne hauteur. Mais Peter Opsvik a évidemment trouvé la solution : il a créé une chaise haute qui "grandit" avec l’enfant.

Peter Opsvik a reçu beaucoup de prix pour le design de ses chaises hautes et autres chaises ergonomiques. Elles ont servi de modèle à toute une génération de chaises hautes modernes, aujourd’hui souvent fabriquées en métal et fer. Ces chaises hautes en métal et fer ne "grandissent" pas forcément avec l’enfant, mais ils permettent d’être assis agréablement et permettent souvent un grand nombre de positions différentes.
Copyright : Laure Malombe

samedi 22 mars 2014

Garde-corps ou garde-fou : art en fer ou fer forgé


Histoire et histoires de la civilisation :
les œuvres d’art en forme de garde-corps en fer


Il est toutefois étonnant de se rendre compte qu’on est entourés de petites choses dont on ne connaît même pas l’histoire - des objets auxquels, normalement, on ne réfléchit plus, comme le tabouret de bar ou le garde-corps, mais qui ont été inventés un jour et, ensuite, suivi un parcours parfois singulier. Et, en regardant un garde-corps qu’on voit tous les jours sans même s’en rendre compte, qui pense aux garde-corps en fer connus dans le monde entier, forgé par de grands artistes ? 

Au moment de son invention, le garde-corps était loin d’avoir une réputation d’œuvre d’art. Nous trouvons ses premières traces au Moyen Âge lorsqu’il n’était pas encore en fer ou fer forgé, mais en bois. On l’appelait le garde-fou. Les linguistes ont beaucoup spéculé sur l’origine de son nom. Finalement, ils se sont mis d’accord qu’il n’a rien à faire avec les "fous" - par exemple avec ceux qui voulaient se jeter dans les abîmes qui, justement, étaient sécurisés par des garde-fous - mais avec le nom de l’arbre dont le bois servait à sa fabrication : le hêtre ou, comme on disait à l’époque, le fou.

Les premiers garde-corps ou garde-fous ont été construits pour sécuriser les excavations ou les ponts. Un peu plus tard, le mot a reçu encore une autre signification - les garde-fou ou, selon la nouvelle orthographe, les garde-faux ou, encore plus tard, les gardecors (qui, justement, protégeaient une partie du corps) faisaient partie des armures des soldats et servaient à la protection du ventre.

600 ans plus tard, au 19e siècle, le garde-corps trouvait son utilité sur les bateaux pour sécuriser les ponts et passerelles. Sur les petits bateaux, ces garde-corps consistaient dans un système de cordages, mais sur les navires plus importants, on se servait de bars de fer. Le garde-corps en fer était né.

Entre-temps, nous rencontrons le garde-corps - souvent en fer ou fer forgé - partout dans notre vie quotidienne, c’est-à-dire partout où il y a des précipices, naturels ou non, qui pourraient être dangereux : les escaliers, les ponts, les quais etc. De cette manière, le garde-corps a retrouvé sa destination primaire.

Mais ces constructions "quotidiennes" à part, le garde-corps en fer ou, plus encore, en fer forgé est devenu œuvre d’art. Pour ne citer que quelques exemples de ces garde-corps qui sont connus dans le monde entier : ainsi, il y avait un pont à Berlin, appartenant à la Mehlhaus, l’ancienne maison des boulangers, avec un arc de 12 mètres, dont le support et le garde-corps étaient en fer. Bien que construite par la forge du roi - certainement la meilleure du pays - cette construction reste impressionnante, surtout en considérant qu’elle a déjà été fabriquée en 1798.

Un autre témoin pour les garde-corps d’art se trouve à Como en Italie. La ville est connue pour ses maisons et palais dans le style du néoclassicisme. Ces bâtiments se distinguent par leur structure simple avec des décorations plutôt discrètes. La seule parure qui saute carrément aux yeux, ce sont les garde-corps en fer forgé aux balcons et fenêtres.

Fort Libéria à Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales héberge une véritable merveille : le garde-corps qui longe le chemin de ronde dans toute sa longueur a été forgé dans le minerai de fer du Canigou, selon une technique spéciale qui a été développée en Catalogne. Ce minerai de fer a la réputation de ne pas rouiller - qualité dont témoigne le garde-corps de Villefranche.

Un des artistes les plus connus pour l’art des garde-corps en fer est Caspar Fincke, né dans l’Allemagne vers la fin du 16e siècle, mais qui a passé presque toute sa vie en Danemark. Il a construit le garde-corps qui entoure la plate-forme en haut de la fameuse "tour ronde" à Copenhague. Toutefois, son œuvre la plus impressionnante est le garde-corps en fer forge qui, dans la cathédrale de Roskilde en Danemark, sépare la chapelle de la nef.
Copyright : Laure Malombe

vendredi 21 mars 2014

Tabouret de bar en métal et fer : histoire et civilisation

L’histoire des tabourets de bar : en métal et fer à travers les siècles


Personne ne sait où le tabouret de bar a été inventé. Certains disent que "les histoires de bar" viennent forcément de l’Allemagne. D’autres les placent plutôt en Angleterre.

Mais quant au tabouret, les historiens défendent la théorie selon laquelle les premiers tabourets auraient été vus en France, à l’époque où le citoyen ou même les nobles de la cour royale n’avaient pas le droit à des chaises avec dossier et accoudoirs : ces éléments étaient les marques distinctives des trônes et réservés aux rois.

Toutefois, il semble que le tabouret a déjà été connu longtemps avant l’époque des rois français. On dit que les hiéroglyphes égyptiens présentaient déjà un symbole pour tabouret et que les peuples ashanti originaires du Côte d’Ivoire et du Ghana avaient même des tabourets divins : chez eux - aux contraire de la France - ce n’était pas le roi qui était divin, mais son tabouret. Et c’est ici où nous trouvons les premier tabourets en métal : les tabourets divins était en or. 

De nos jours, le tabouret dans sa forme d’origine devient de plus en plus rare - les gens modernes préfèrent ce que, à l’époque des rois français, étaient des trônes : des "tabourets" à dossier, que, aujourd’hui, on appelle des "chaises". Le tabouret de bar, par contre, fait toujours partie des meubles actuels.

Au contraire des tabourets à la cour des Louis XIII et XIV qui étaient travaillés en bois, les tabourets de bar consistent presque exclusivement en métal ou fer. Les tabourets de bar en métal ou fer sont plus stables et permettent des nombreux "extras" comme l’adaptation du siège à la hauteur du bar ou la possibilité de tourner avec son siège sans bouger le corps - une des fonctions principales des tabourets de bar qui permettent de parler avec des gens assis à droite ou à gauche, de s’adresser au barman ou de tourner le dos au bar et d’observer le bar entier sans le moindre effort. Les tabourets en bois de l’époque des Louis n’auraient pas non plus été assez stables pour soutenir la construction haute des tabourets de bar en métal ou fer.

Ensuite, la construction d’un tabouret de bar en métal ou fer permet également d’ajouter des tubes supplémentaires qui non seulement donnent plus de stabilité au meuble, mais qui augmentent aussi le confort de son usager : souvent, on trouve un ou plusieurs reposes pieds fixés aux pieds du tabouret. 

Et, un luxe qui aurait était le bienvenu à la cour des Louis où les propriétaires d’un tabouret étaient souvent obligés de le promener du palais vers les vastes jardins et de retour, selon les intuitions des rois : les tabourets de bar en fer ou métal sont pliables et très faciles à transporter…
Copyright : Laure Malombe

jeudi 20 mars 2014

Meubles modernes : chaise design versus meuble industriel

Les professionnels des meubles donnent leur avis : de nos jours,

qui achète des meubles industriels ou des tables et chaises design ?


Après avoir recueilli l'opinion des amateurs (ou non) des tables ou chaisesdesign, l'équipe de Art et artisanat en France voulait connaître l'avis des professionnels des meubles. Quelques-uns ont eu envie, pour une fois, de dire tout ce qu'ils avaient sur le cœur. Or, ensuite, ils ont préféré rester anonymes - pour les affaires, "il vaut mieux qu'on sait pas trop ce que je pense", a proclamé un ébéniste parmi les interrogés. Art et artisanat en France publie donc les propos des professionnels des tables et chaises design sans citer des noms - car, finalement, c'est l'opinion en général qui compte et pas la source...

"A la maison, je n’ai que des meubles industriels", proclame le vendeur d’un magasin de chaises design qui, cinq minutes auparavant, a encore vanté la beauté de sa marchandise. "C’est déjà une question des finances. Mais, même si j’avais l’argent, je préférerais les lignes simples des meubles industriels. On a l’impression qu’on peut s’y assoir sans réfléchir - au lieu d’être obligé de faire attention."

Lorsqu’il voit les visages étonnés de l’équipe de Art et artisanat en France, il ajoute : "Ne croyez surtout pas que je vous aurais menti, tout à l’heure, en disant que nos chaises design sont d’une grande beauté. Je le pense vraiment. Mais dans une famille comme la mienne - j’ai deux enfants - il faut des meubles modernes, pratiques. Nos chaises design correspondent plutôt à une maison sans enfants, où on ne risque pas de les abimer. »

Les enfants sont-ils une raison pour n’acheter que des meubles industriels ? "Il est vrai", répond le propriétaire d’une petite entreprise qui fabrique des tables et chaises design, "que la plupart de mes clients n’ont pas d’enfants. Il s’agit souvent des couples qui tous les deux ont fait carrière et souhaitent utiliser leurs moyens pour vivre dans un environnement beau et original."

"Toutefois", continue-t-il, "la règle n’est pas sans exceptions. Prenez mon cas, par exemple. J’ai trois enfants, mais je n’ai que des meubles design. Parce que je les aime. Et mes enfants ont appris à les aimer et respecter eux aussi. En effet, mon amour de beaux meubles m’a incité à monter cette entreprise. J’ai trouvé des tables qui me plaisaient, mais jamais des chaises design à mon goût. J’ai donc commencé par dessiner moi-même de belles chaises, mes dessins ont plus à mes amis et, finalement, j’ai dessiné pour tout le monde et créé cette boîte."

"Mes clients", explique un autre producteur de tables et chaises design en verre et métal, "viennent de toutes les couches de la société. Quelques-uns ont des enfants, d’autres pas. Ce n’est pas une question d’argent : celui qui aime de beaux meubles investit la somme nécessaire. J’ai des clients qui, pendant des années, n’ont acheté qu’une seule pièce, d’abord une table, l’année suivante une chaise design, ensuite une autre. Au lieu de se précipiter sur des meubles industriels, ils ont préféré attendre d’avoir des moyens pour acheter petit à petit, mais en se faisant plaisir."

"La différence entre les acheteurs de meuble industriel ou design consiste exclusivement dans leur conscience de l’environnement dans lequel ils vivent. Quelqu’un qui se contente d’un canapé qui lui permet de regarder la télé n’a pas besoin de meubles design. Il ne vit pas réellement dans son appartement, mais il l’utilise, sans se rendre compte de l’ambiance qu’il répand."
Copyright : Laure Malombe