samedi 22 mars 2014

Garde-corps ou garde-fou : art en fer ou fer forgé


Histoire et histoires de la civilisation :
les œuvres d’art en forme de garde-corps en fer


Il est toutefois étonnant de se rendre compte qu’on est entourés de petites choses dont on ne connaît même pas l’histoire - des objets auxquels, normalement, on ne réfléchit plus, comme le tabouret de bar ou le garde-corps, mais qui ont été inventés un jour et, ensuite, suivi un parcours parfois singulier. Et, en regardant un garde-corps qu’on voit tous les jours sans même s’en rendre compte, qui pense aux garde-corps en fer connus dans le monde entier, forgé par de grands artistes ? 

Au moment de son invention, le garde-corps était loin d’avoir une réputation d’œuvre d’art. Nous trouvons ses premières traces au Moyen Âge lorsqu’il n’était pas encore en fer ou fer forgé, mais en bois. On l’appelait le garde-fou. Les linguistes ont beaucoup spéculé sur l’origine de son nom. Finalement, ils se sont mis d’accord qu’il n’a rien à faire avec les "fous" - par exemple avec ceux qui voulaient se jeter dans les abîmes qui, justement, étaient sécurisés par des garde-fous - mais avec le nom de l’arbre dont le bois servait à sa fabrication : le hêtre ou, comme on disait à l’époque, le fou.

Les premiers garde-corps ou garde-fous ont été construits pour sécuriser les excavations ou les ponts. Un peu plus tard, le mot a reçu encore une autre signification - les garde-fou ou, selon la nouvelle orthographe, les garde-faux ou, encore plus tard, les gardecors (qui, justement, protégeaient une partie du corps) faisaient partie des armures des soldats et servaient à la protection du ventre.

600 ans plus tard, au 19e siècle, le garde-corps trouvait son utilité sur les bateaux pour sécuriser les ponts et passerelles. Sur les petits bateaux, ces garde-corps consistaient dans un système de cordages, mais sur les navires plus importants, on se servait de bars de fer. Le garde-corps en fer était né.

Entre-temps, nous rencontrons le garde-corps - souvent en fer ou fer forgé - partout dans notre vie quotidienne, c’est-à-dire partout où il y a des précipices, naturels ou non, qui pourraient être dangereux : les escaliers, les ponts, les quais etc. De cette manière, le garde-corps a retrouvé sa destination primaire.

Mais ces constructions "quotidiennes" à part, le garde-corps en fer ou, plus encore, en fer forgé est devenu œuvre d’art. Pour ne citer que quelques exemples de ces garde-corps qui sont connus dans le monde entier : ainsi, il y avait un pont à Berlin, appartenant à la Mehlhaus, l’ancienne maison des boulangers, avec un arc de 12 mètres, dont le support et le garde-corps étaient en fer. Bien que construite par la forge du roi - certainement la meilleure du pays - cette construction reste impressionnante, surtout en considérant qu’elle a déjà été fabriquée en 1798.

Un autre témoin pour les garde-corps d’art se trouve à Como en Italie. La ville est connue pour ses maisons et palais dans le style du néoclassicisme. Ces bâtiments se distinguent par leur structure simple avec des décorations plutôt discrètes. La seule parure qui saute carrément aux yeux, ce sont les garde-corps en fer forgé aux balcons et fenêtres.

Fort Libéria à Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales héberge une véritable merveille : le garde-corps qui longe le chemin de ronde dans toute sa longueur a été forgé dans le minerai de fer du Canigou, selon une technique spéciale qui a été développée en Catalogne. Ce minerai de fer a la réputation de ne pas rouiller - qualité dont témoigne le garde-corps de Villefranche.

Un des artistes les plus connus pour l’art des garde-corps en fer est Caspar Fincke, né dans l’Allemagne vers la fin du 16e siècle, mais qui a passé presque toute sa vie en Danemark. Il a construit le garde-corps qui entoure la plate-forme en haut de la fameuse "tour ronde" à Copenhague. Toutefois, son œuvre la plus impressionnante est le garde-corps en fer forge qui, dans la cathédrale de Roskilde en Danemark, sépare la chapelle de la nef.
Copyright : Laure Malombe

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